Paul Levrez : la mode d’actions
Association Flashmode Paris

Organisateur du volet mode de Multitude 2025, l’activiste queer Paul Levrez et son association Flashmode Paris, basée à Saint-Ouen, défendent depuis plusieurs années une mode inclusive, engagée et accessible.
L’organisation des défilés de mode de la biennale Multitude sera tout sauf une première pour Paul Levrez. Lors de la première édition déjà, lui et son association Flashmode Paris avaient investi la serre Wangari pour un défilé haut en couleurs et performatif. Surtout, le jeune activiste s’est fait connaître en 2017 en lançant à La Villette un évènement qui a fait sensation dans le milieu : l’Open Mode, un défilé mêlant les créations de jeunes couturiers, principalement réalisées à base de matériaux recyclés, le tout présenté sous forme de battles chorégraphiques.
De la sociologie à la mode : un parcours engagé
À l’origine pourtant, le jeune Lillois s’était plutôt orienté vers la science politique, la sociologie et l’anthropologie, avant de bifurquer vers l’événementiel qu’il voit comme un moyen de rassembler les gens. En complément de ses études, il fait ses armes au sein du festival triennal lille3000, où il se fait remarquer.
« Au début, je m’occupais des réservations, de l’assistance en relations publiques, raconte-t-il. Puis j’ai monté différents projets avec des étudiants et ça a plu. On m’a confié de plus en plus de responsabilités. » Jusqu’à devenir, en 2022, coordinateur artistique de la grande parade de Lille.
Entretemps, il s’est installé à Paris, ou plutôt à Saint-Ouen, en 2016, avec l’espoir de travailler dans la mode. « C’était un rêve d’enfant, confie-t-il. Ma mère était couturière et m‘a transmis cette passion du vêtement ». Il est cependant « vite refroidi » par l’ambiance et la priorité donnée à la rentabilité. « Il me manquait l’aspect culturel et humain », explique-t-il.
Une mode inclusive, loin des podiums normés
Pour Paul Levrez, la mode ne se limite pas à une simple affaire d’esthétique. « Le vêtement raconte beaucoup d’un individu et de son rôle social », explique l’ancien étudiant en sociologie. « C’est aussi un outil d’émancipation et de revendications », notamment au sein des communautés LGBT. Or, regrette-t-il, la mode a aujourd’hui tendance à oublier cet aspect fondamental.
« Dans les années 1990, des couturiers comme Jean-Paul Gaultier faisaient appel à des habitants, des drags. Puis, dans les années 2000, cela s’est éteint avec des mannequins désormais très normés, très minces. L’individu s’efface derrière le vêtement. »
C’est ainsi que lui vient l’idée de l’Open mode et de Flashmode, conçus pour démocratiser la mode et la rendre à ceux et celles à qui elle appartient.
Danse, mode et luttes sociales : un art de la rencontre
Dans ses défilés, danseurs et performeurs remplacent les modèles « porte-manteaux » et la part belle est faite aux jeunes créateurs sélectionnés autant pour leur esthétique que pour leur engagement écologique. L’objectif : rappeler que la mode naît dans la rue, qu’elle n’est pas réservée à une élite mais appartient à tous et toutes, qu’elle est faite pour être portée, partout.
« Le vêtement se met au service du corps, et pas l’inverse », insiste-t-il.
Il fait ainsi de ces défilés un moment rassembleur, de rencontres et de partage car « on a besoin de se mélanger ». « Ce qui est étrange avec les luttes LGBT, c’est qu’on a l’impression que les choses avancent. Mais quand on voit les chiffres des agressions, elles n’ont jamais été aussi élevées. Le spectacle est un moyen de faire évoluer les choses. »
Une recette qu’il compte bien appliquer de nouveau lors de Multitude, où ses défilés seront une fois de plus un espace d’expression, de revendication et de liberté.
Portrait : © Valentin Curtet
Découvrez la programmation mode de Multitude 2025
Le samedi 5 juillet prochain, la biennale culturelle Multitude mettra à l’honneur une mode inclusive, écologique et revendicative. Au programme : des défilés participatifs et chorégraphiés, un marché de créateur∙trices engagé∙es et un détonnant cabaret queer.
- Mode

Et si vous participiez comme couturier∙ières, danseur∙euses ou mannequin∙es ?
Comme l’ensemble de la biennale, ce volet mode sera bien sûr participatif ! Mobilisant de nombreux∙euses partenaires dans cinq villes différentes, Flash mode proposera aux habitants et habitantes des ateliers au printemps afin de contribuer à la confection de vêtements ou accessoires, ou se glisser dans la peau des danseur∙euses et mannequin∙es pour défiler le jour J.
