Couleurs éclatantes, visages fiers, messages bienveillants : les illustrations de Mlle Belamour, autrice de l’affiche de Multitude 2025, dégagent une énergie communicative. Un univers à son image, où la diversité et l’amour sont rois, ou plutôt reines !

Un∙e artiste choisit souvent son nom pour qu’il dise quelque chose d’elle ou de lui, qu’il reflète son style, son approche, sa démarche. Mlle Belamour, elle, a simplement conservé son nom de famille, précédé de l’abréviation mademoiselle. Mais – clin d’œil du destin sans doute -, il ne saurait mieux résumer sa philosophie de vie et ce qu’inspirent ses illustrations.

Depuis une dizaine d’années, l’autrice de l’affiche de la biennale Multitude 2025 développe en effet un style bien à elle, marqué par une esthétique pop et une omniprésence de la couleur : des jaunes vifs, des verts tendres, des bleus éclatants ou des rouges profonds. Quant à ses personnages, ils et elles sont fier∙es et assumé∙es, souvent accompagné∙es de messages invitant à s’aimer, à être bienveillant avec soi et les autres. Des messages qui reflète la vision de cette femme, artiste et mère épanouie.

« C’est carrément ma personnalité, mon mood, qui se lit à travers les personnages, ou celles des personnes qui m’entourent. J’ai toujours été comme ça, c’est ce qui m’anime le plus. »
Mlle Belamour

Multitude

Visuel de la biennale Multitude – 2025

Affiche de trounée LizZo, Warner Music- 2022

Affiche de tournée de LizZo, Warner Music- 2022

Festival film caribbéens, nouveaux regards 2025

Festival de films caribéens Nouveaux regards – 2025

Hershey's packaging 2022

Hershey’s packaging – 2022

LIvre next 2023

Livre Next – 2023

L’enfance de l’art

Cette joie de vivre et cette positivité, Mlle Belamour la puise sans doute dans son enfance et dans sa famille. Née à Saint-Denis, en 1986, mais ayant déménagée dès la maternelle en Guadeloupe (d’où ses parents sont originaires), l’illustratrice affirme en effet avoir eu « beaucoup de chance » dans la vie.

« Mes parents n’avaient pas eu une enfance facile et n’étaient pas des richards mais, raconte-t-elle, ils avaient envie d’élever leurs enfants au soleil, avec la possibilité d’aller à la mer, de voir les cousins et les cousines. J’ai grandi dans une famille aimante et avec beaucoup d’humour. Nous sommes très proches et ils m’ont toujours soutenue. »

Ils l’encouragent notamment dans son choix d’étudier les arts appliqués à Toulouse, une fois son bac L en poche. Depuis toute jeune en effet, Mlle Belamour a le goût du dessin et, devenue adolescente, c’est vite devenu une passion. Elle ne cesse d’esquisser des silhouettes féminines en s’inspirant de magazines qu’elle collectionne. « J’étais très axée sur la mode et avais des classeurs entiers de silhouettes », s’amuse-t-elle aujourd’hui.

Un mix culturel

Ses études ne se passent cependant pas tout à fait comme elle l’imaginait. « Les arts appliqués sont un domaine assez large et la formation était très théorique. J’étais un peu perdue. Je me sentais aussi un peu à l’écart au sein de ma classe. Ne pas avoir la même origine crée de la distance et j‘ai eu parfois des commentaires désagréables », se souvient-elle. Mais, fidèle à sa philosophie de vie, Mlle Belamour ne s’y attarde pas, se fait d’autres ami∙es et laisse « les personnes négatives de côté ».

Elle rebondit avec un Bachelor en communication visuelle à Paris, part en Angleterre durant un an et demi comme jeune fille au pair, y enchaîne les stages dans le web, avant de revenir en région parisienne et de décrocher ses premiers postes comme graphiste. Elle y restera quelques années, retrouvant alors sa Seine-Saint-Denis natale, d’abord dans une collocation aux Pavillons-sous-Bois, puis en couple à Rosny-sous-Bois.

« Je m’y suis vite sentie chez moi car la population y est mixée, confie-t-elle. En colocation, je vivais avec des personnes de toutes origines, de Normandie comme d’Algérie. C’est cela la Seine-Saint-Denis, un mélange de personnes que clairement j’apprécie. »

Ces différentes expériences la nourrissent, forment un « mix culturel », comme ses voyages ou les expositions qu’elle court pour ne pas s’enfermer et « voir ce qui se passe ailleurs ».

Un trait engagé

Au fil de ces années son style s’affirme, comme sa confiance en elle. « Au départ, j’étais un peu timide, avoue-t-elle. J’avais de l’expérience dans le graphisme web et me limitais peut-être à cela. Puis j’ai osé proposer des illustrations à mes N+1, pour des marques qui me semblaient propices et ils ont été réceptifs. »

Devenue maman et de retour en Guadeloupe, elle se consacre à sa fille et à ses dessins, dans lesquels les femmes noires sont de plus en plus présentes. « Aujourd’hui cela s’est démocratisé mais, à l’époque, peu d’illustrateurs le faisaient, précise-t-elle. Je trouvais ça triste que les femmes noires soient aussi peu représentées et j’ai pris le parti de le faire. » Postées sur les réseaux sociaux à partir de 2018, ses illustrations plaisent et, à partir de 2019-2020, les commandes s’enchaînent pour de très grandes entreprises comme Kit Kat, Prime Vidéo, Warner Music, Sephora.

Parmi ses clients, 80 % sont américains. Parce les femmes noires sont très présentes ? « Peut-être, dit-elle. Aux États-Unis, même si la place des personnes de couleur reste complexe, ils ont moins de mal à aborder le sujet, même en tant que marque, car leur objectif est d’être compris par l’ensemble de leur clientèle. » « En France, c’est différent et on me catalogue plus comme communautariste », regrette-t-elle. Peu importe, elle trace son chemin, sans s’oublier et avec la même énergie.

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