Frantz Steinbach, la culture en professionnel
LaboCulture

De l’édition musicale à l’organisation de festivals, en passant par l’accompagnement d’artistes et de structures, Frantz Steinbach œuvre depuis près de vingt ans à structurer la culture pour l’adapter aux enjeux socio-économiques contemporains.
C’est tout le paradoxe de la culture. « Tout le monde a vu un spectacle, un concert, un film. La culture est l’un des domaines d’activité les plus visibles et, pourtant, elle se situe en bas de la chaîne de valeur économique », déplore Frantz Steinbach. La raison en est simple : « L’économie de la culture génère par essence peu de marges financières. Ses opérateurs peinent donc à investir et à se développer. »
Malgré ce constat, il a décidé d’y consacrer sa carrière. Loin de baisser les bras, il mise sur la professionnalisation pour faire émerger de nouveaux modèles. Depuis 2007, il s’est investi dans plusieurs entreprises liées à la création, la production et la diffusion, notamment musicales. En 2016, il a fondé avec Élodie Mermoz, directrice de programmation ayant notamment œuvré au Printemps de Bourges, LaboCulture, une agence d’ingénierie culturelle qui porte, entre autres, le volet Humour du festival Multitude.
Entre entrepreneuriat et engagement
Parmi leurs réalisations figurent l’accompagnement de projets comme La Fabuleuse Cantine – des établissements associant cuisine bistronomique à partir d’invendus alimentaires et programmation culturelle – ou l’organisation d’événements tels que Kiosquorama, festival de musique itinérant et éco-citoyen dans les parcs et jardins franciliens et européens.
De nombreux artistes sollicitent également l’agence pour les accompagner dans leur démarche artistique, la recherche de financements, la communication et le marketing. Certains sont déjà très établis, comme le compositeur André Manoukian ou l’actrice Emmanuelle Seigner. D’autres tentent encore de se faire une place.
« Certains sont des microstructures que nous cherchons à propulser. Nous croulons sous les demandes en ce sens. Le problème, c’est que l’accompagnement a un coût et que ces structures disposent de moyens très limités. Il faudrait des bourses pour les agents afin de structurer les carrières, donner sa chance à chacun et favoriser davantage d’inclusion et de diversité », plaide-t-il.
Renforcer les liens entre culture et institutions
Pour financer ces initiatives, Frantz Steinbach n’hésite pas à solliciter des partenaires parfois inattendus, comme des bailleurs sociaux ou des mutuelles. « À première vue, ces acteurs sont éloignés du monde culturel, reconnaît-il, mais ils ont une réelle volonté d’agir et sont convaincus que la culture crée du commun. » C’est ainsi qu’est né le festival Regard Neuf 3, produit par dix-huit bailleurs de Seine-Saint-Denis.
Les collectivités territoriales restent néanmoins les principaux partenaires. « Un événement comme Multitude, par exemple, est structurant car il permet d’accompagner l’émergence d’artistes. » Toutefois, des incompréhensions subsistent parfois, dues « soit à une ultra-dépendance, soit à une certaine défiance », regrette Frantz Steinbach. Son travail consiste justement à « favoriser une meilleure compréhension entre ces deux mondes ». Car, insiste-t-il, « ils regardent en réalité dans la même direction ».